Hell sweet Hell

Rien ne pouvait préparer un homme à ce qu'ils affrontaient là. Ce n'était pas quelque chose qu'on pouvait prévoir, à laquelle on pouvait raisonnablement s'attendre dans un monde normal. Qui aurait pu prévoir que les morts se relèveraient et qu'ils se mettraient à bouffer les vivants en grognant et en se trainant de la sorte hein...? Personne. Il y avait beau y avoir les films, les comics ou encore les séries, tout ce n'était que du vent, que des idées en l'air que des scénaristes imaginaient pour faire flipper ou amuser les spectateurs. Mais ça n'était pas réel, ça ne pouvait pas être réel. Et la seule réaction que l'on pouvait raisonnablement avoir face à tout ça était toute simple : la panique.

En tout cas, c'était ce qu'avaient bien compris les deux bleus qui accompagnaient Kenneth et Ayden, vu qu'ils partirent en courant à toutes jambes. " Bande d'enfoirés ! Revenez là ! " brailla Kenneth, en tournant la tête pour jeter un regard noir sur le dos de ces deux lâches. Comment pouvaient-ils simplement abandonner leur poste et fuir...? Kenneth ne pouvait même pas comprendre ce genre de comportements, c'était impensable pour lui d'abandonner et de fuir. Il n'avait pas été formé comme ça, il n'était pas comme ça, la fuite n'était bonne que pour les lâches et personne d'autre. Le soldat était aussi furieux que le flic en voyant ça, si il les retrouvait, ils allaient passer un vrai putain de sale quart d'heure !

Mais pour l'heure, il fallait s'occuper de bien plus urgent que des saloperies de déserteurs. Voilà qu'ils étaient maintenant deux, deux contre ces choses qui leur fonçaient dessus, prêts à les dévorer...Les tirs du français s'arrêtèrent peu après les siens, peu après qu'il ait abattu un des infectés. Il n'en restait plus que deux, mais ils étaient féroces et ils n'allaient pas pouvoir continuer à tirer indéfiniment en espérant toucher le crâne de ces choses...Ayden avait raison, il fallait reculer, revenir au barrage où leurs collègues pourraient les aider, les couvrir et se débarrasser des infectés agressifs qu'ils avaient sous le pif. Kenneth se retourna, imitant le policier pour courir aussi vite qu'il le pouvait, pas pour fuir, juste pour retourner dans un lieu un peu plus sûr...Rien à voir avec la fuite des deux bleus, rien du tout. Il continuait de tirer, jusqu'à ce que son chargeur se vide, parvenant au passage à exploser la tête de l'un des deux derniers infectés qui les pourchassaient.

Du coin de l'oeil, il vit l'inspecteur tomber en avant et s'arrêta, glissant sur le bitume humide, avant de faire demi-tour dans l'intention de l'aider. Mais le flic ne semblait pas avoir eu besoin de son aide pour se relever et recommencer sa course. Kenny suivit, pour filer à l'abri avec lui, regardant les civils qui sortaient de chez eux avec de grands yeux étonnés. Pourquoi les gens s'approchaient-ils toujours du danger...? Les accidents de voiture, les incendies, les émeutes...Il y avait toujours des gens pour s'approcher et regarder. Cette curiosité morbide rendait Kenneth malade, il était désespéré en voyant les gens sur le palier de leur porte. " Mais barrez-vous bande de crétins ! Vous voyez pas que c'est dangereux ! " s'énerva Kenneth en regardant de travers des curieux complètement inconscients.

Le soldat rechargea son arme, ne jetant pas un regard au jeune homme qui était venu les voir. Comme si ils avaient besoin d'expliquer ce qui se passait, nom de dieu ! Mais en relative sécurité, il reporta toute son attention sur l'infecté qui approchait. Il se mouvait lentement, heureusement et était bien décidé à venir jusqu'à eux. Le corps ensanglanté, les vêtements déchirés, l'odeur nauséabonde qui leur parvenait et les lambeaux de chair qui pendaient et se décomposaient peu à peu...Vraiment, ce n'était pas quelque chose de plaisant à voir. Kenneth déglutit, tirant sans parvenir à toucher la cible. Cette vision le déconcentrait, il peinait tellement à croire à ce qu'il voyait qu'il ne parvenait pas à viser correctement. A cette vision d'horreur se superposa celle d'un jeune homme, qu'il avait vu il y avait fort longtemps, un jeune homme gazé en pleine ville où ils étaient en mission avec son unité...Il se déplaçait comme le cadavre qu'ils avaient devant les yeux à cet instant, l'espace d'un instant, Kenneth retomba dans cette journée d'effroi qu'il avait connu.

La voix lointaine du français lui rappela qu'il n'y était plus, que cette bataille s'était finie depuis longtemps mais qu'une autre l'attendait. Il tourna la tête vers lui, acquiesçant sans rien pouvoir dire de plus. Qu'y avait-il à dire de plus...? C'était la Grippe Rouge, c'était un fait glaçant que les politicards pouvaient continuer d'ignorer mais qu'eux, les soldats, ne pouvaient plus laisser derrière eux. " Ouais, c'est partout dans le pays... " murmura Kenneth, répétant ce que venait de dire Ayden. " Mais Boston ne finira pas comme Miami, on va venir à bout de ces merdes ! " s'exclama-t-il en se redressant pour mettre n joug la créature anciennement humaine qui commençait à s'approcher bien trop près d'eux. Il lâcha une salve de balles, qui s'écrasèrent dans la chair de la créature, la faisant chuter sans la tuer. Il sortit du couvert qui le protégeait, de toute façon la chose n'avait pas d'arme, il ne risquait pas grand chose.

Il s'approcha du cadavre, qui rampait à présent en tendant des doigts avides vers lui. Kenneth écrasa d'une grosse ranger la main décharnée, posant l'autre sur la tête même de la chose qui n'était plus vraiment vivante. Les dents claquaient et l'autre main essayaient désespérément de l'attraper sans y parvenir, il l'observa faire, un air dégoûté sur le visage. " Désolé pour le MIT, mais je laisse pas cette saloperie en vie, dit-il pour Ayden, en tirant un dernier coup, dont la détonation résonna un moment entre les immeubles de la rue. Le cerveau étendu sur le bitume, le mort-vivant était définitivement mort maintenant. " Bordel, c'est une putain de journée de merde, " grogna-t-il en retournant vers Ayden. " Ça te dirait, un verre ? Je crois que j'en ai bien besoin... "

☾ anesidora