Hell sweet Hell

Ce matin là, de nombreux flics, militaires et autres joyeux bras armés du gouvernement se retrouvaient en patrouille à Brigthon. En fait, quelque part, c'était étrange de se retrouver à cet endroit, surtout après le massacre. Moult gens évitaient ces parages et il aurait été aisé de croire qu'aucun être vivant censé se serait réfugier dans cet endroit de malheur. C'était cependant sans compter sur les agresseurs qui rôdaient dans le coin, parfois par troupeau. Alors le sénateur avait décidé d'envoyer un groupe pour s'assurer que l'histoire ne s'amuse pas à créer un sale événement.

Ayden était là, droit comme un piquet derrière les barrières métalliques de la police. Mains dans les poches de sa veste, il fixait la rue d'en face comme s'il s'attendait à une avalanche de mauvaises nouvelles. Visage inexpressif, l'homme se mit simplement à penser à sa coéquipière. Généralement, ils étaient inséparables mais pour le coup, il avait eu envie de s'éloigner. Il s'était contenté d'un "J'vais faire un tour. J'espère que tu seras morte quand je reviendrai. " à Reese puis il avait quitté le central pour se dégourdir les jambes. Étrangement, il s'était sentit le besoin d'être loin, avec d'autres gens, sur un point précis où il ne fallait rien faire de plus qu'attendre. C'était comme ça qu'il s'était retrouvé au poste de surveillant et ça ne lui déplaisait pas. Il n'était pas obligé de parler, pas obligé de supporter la femme avec qui il servait. C'était un peu comme une libération mentale. A la fin, elle râlerait certainement mais bon, ça valait le coup. Le vent se leva légèrement et vint s'amuser à picoter sa peau de froid, l'empêchant de piquer de sentir la fatigue accumulée jusque là, depuis le début des tensions. Combien de temps cela durait au juste ? Un mois ? Deux ? Le français avait perdu le fil mais ce qu'il savait, c'était que ça continuait et ce, depuis déjà trop longtemps.

A côté de lui, un duo de jeunes flics, sans doute des patrouilleurs, qui piaffaient comme des enfants devant le téléphone de l'un deux. L'inspecteur roula des yeux. Il serait facile d'aller les voir et de les recadrer mais pour une fois, l'envie de recadrer les gens pour les forcer à avoir un comportement correct ne lui vint pas. Bon sang... Il devait vraiment et énormément manquer de sommeil pour ne pas réagir. Un soupir s'échappa d'entre ses lèvres, laissant un léger filet de vapeur se promener hors de sa bouche. Brrrr ! Cette sale météo indécise... Encore une fois, les jeunes officiers se firent entendre, s'amusant à avoir des théories complètements farfelues sur l'origine de la maladie dont on parlait peu mais réellement présente. Les choix ridicules qu'ils faisaient, tirait un sourire à Ayden qui en vint à marmonner un "Bah bien sûr... A ce rythme là, c'est le mexicain en face de la mairie qui est responsable de la maladie. Une viande un peu trop épicée aura rendu un client malade et c'était fini." suivit d'un "Ou alors... C'est le président. Les gens ont développé une allergie à lui et voilà, épidémie." Cette dernière blague le fit ricaner comme un môme. En même temps, il supportait de moins en moins le gouvernement et leurs manies à faire des choix qui n'étaient pas forcément censés, surtout quand il s'agissait de protéger la population... Mais bon. Qui était-il pour qu'on l'écoute, de toute façon ?

Lentement, il vint se passer une main dans les cheveux pour les recoiffer d'un geste las... Finalement c'était probablement une mauvaise idée d'être venu se perdre ici mais bon, tant qu'à faire... Avec un peu de chance, la journée serait calme.

hell sweet hell

Après ce qui s'était passé à Brighton, on était en droit de penser que plus personne n'y mettrait les pieds avant un petit moment. Et pourtant, ce matin, il y avait de nombreux soldats, policiers et autres personnes armées missionnées par le gouvernement pour patrouiller dans la zone. Tout ça allait devenir un grand jeu de défense de terrain, chasser les rôdeurs pour regagner quelques quartiers, se faire prendre du terrain ailleurs. Une guerre d'endurance qu'ils allaient tous perdre si ils ne se mettaient pas un peu à passer à l'attaque au lieu de défendre gentiment les quartiers sécurisés. Du moins, c'était l'avis de Kenneth. Il n'aimait pas rester inactif, à attendre que la menace leur tombe sur le coin de la gueule. Et ça allait arriver si on laissait les hommes derrière des barricades...

Et bien entendu, ce jour-là, Kenneth faisait partie de ce groupe d'hommes. Il se faisait chier, avec les autres, les mains dans les poches pour les garder du froid. Parce qu'en plus, il faisait froid pour ne rien arranger à l'affaire. On aurait pu se dire que les agresseurs se montreraient moins avec le froid, qu'il les paralysaient autant qu'il pouvait paralyser une personne ordinaire. Heureusement pour Kenneth, il avait grandi dans une ville bien plus froide que pouvait l'être Boston. Alors il supportait encore plutôt bien les températures actuelles. Il n'était pas vraiment intégré aux autres, derrière les barrières à regarder les bâtisses vides en face d'eux, à surveiller les rues désertes.

Mais voilà que deux flics se mirent à discuter, à piailler serait un terme plus exact, à propos d'idioties. Si il y avait bien quelque chose que Kenneth n'aimait pas, c'était bien les soldats dissipés. Les fois où il avait été instructeur, ses recrues en avaient bavé. Ils en baveraient aussi, ces deux-là, même si ils n'étaient théoriquement pas sous ses ordres. Ils ne pouvaient visiblement pas s'empêcher de discutailler comme des poules dans un poulailler, non seulement pour dire des conneries aussi grosses qu'eux mais maintenant, ils en venaient aux raisons de l'épidémie. Les raisons qu'ils trouvaient étaient toutes plus stupides les unes que les autres. Kenneth en eut assez de les écouter papoter comme des concierges, il vint derrière eux avec son air sombre sur le visage et son uniforme militaire, qui le séparait clairement d'eux.

" Oh les cons, vous croyez vraiment que trouver la raison de cette merde ça va tout d'un coup la faire disparaître...? Vous êtes pas là pour jacasser, alors fermez vos claque-merde. " Kenneth se retint de coller une tape derrière la tête de l'un d'eux, difficilement mais il se retint quand même. Il s'éloigna un peu d'eux et chercha dans ses poches son paquet de cigarettes pour en tirer une avant de farfouiller encore à la recherche d'un briquet qu'il semblait avoir oublié. Il marmonna, la cigarette entre les lèvres. " Putain elle commence bien cette journée de merde, bordel... " Incapable de trouver son briquet, il se tourna vers le premier mec à côté de lui. " Hé t'as du feu ? "

☾ anesidora

La voix qui avait résonné dans son dos fit hausser un sourcil à Ayden. Le plus drôle dans l'histoire, c'était que les deux gamins ne disaient plus rien après ce genre d'engueulade. Sans doute qu'ils reconnaissaient l'autorité de quelqu'un de plus gradé qu'eux. Ou alors ils avaient eu peur. La deuxième hypothèse semblait la plus plausible. Le français bailla un peu, les heures de fatigue lui piquant fortement les yeux, faisant naître des perles salées au passage. La fraîcheur rendait vraiment la tâche fatigante et déprimante. Franchement, quelle personne censée viendrait se perdre là quand il était en permission et qu'il pouvait aller se reposer après ses nombreuses gardes ? Lui, apparemment...

Une voix masculine se fit entendre, le faisant tourner la tête vers le brun à ses côtés. Ses yeux bleus détaillèrent le soldat en tenue et un simple hochement de tête répondit à sa question. Lentement, il vint sortir de sa poche interne un petit briquet noir, profitant de l'instant pour se prendre une clope au passage. Techniquement, il ne fumait plus depuis longtemps, ayant perdu le goût il y avait des années de cela mais... L'épidémie, les cannibales... Les nombreuses heures supplémentaires... Tout ça le stressait bien plus et forcément, l'attirance pour les barrettes de tabac se réveilla. Valait mieux ça que se noyer dans l'alcool, après tout. Après avoir récupérer son feu et allumé sa tige cancérigène, il prit une longue bouffée puis l'expira lentement en regardant le filet de fumée s'évaporer. Comme à chaque fois, l'homme s'humecta les lèvres puis observa son compagnon de punition. " Au fait, merci, pour les gamins. Je me sentais pas de les recadrer. " fit-il en prenant une nouvelle taffe. Quelques secondes passèrent puis, se sentant pousser des ailes, il tendit la main à son comparse. " Inspecteur Ayden Forestier. dit-il pour se présenter simplement. L'autre répondit et l'agent de police hocha simplement la tête pour signifier qu'il écoutait.

Le militaire était aussi peu bavard que lui, concentré sur sa tâche entre deux clopes. Que ça faisait du bien d'avoir quelqu'un de carré. Ça changeait de Reese, Heather ou même Peter qui n'en faisaient qu'à leur tête alors que lui devait supporter leurs méthodes quasi illégales. Pour une fois, il se sentait bien. Calme, silencieux, droit... Pourquoi ce n'était pas Kenneth qu'il avait comme coéquipier ? Sérieusement ? Il pouvait pas demander quelque chose comme ça, à noël ? Bon sang... Ce genre de blague, c'était absolument pas lui, ça se voyait qu'il était au bord du craquage... Lentement, il se passa la main sur le visage puis dans les cheveux comme pour effacer de son esprit ses besoins de sommeil. "Vous voulez boire quelque chose, messieurs ?" fit une jeune femme qui s'approcha avec un plateau. Thé, café, infusions, gobelets, sucre, lait et bien sûr bouilloire... Elle avait tout prévu pour parer à l'envie d'une boissons chaudes. Le français se massa la nuque un instant et hocha la tête pour accepter la proposition. Son gobelet en main, le trentenaire soupira. "Vous ne devriez pas rester par ici mademoiselle... Rentrez chez vous." conseilla-t-il sur un ton plus tendre que prévu. Vraiment, les heures manquantes à son organisme le changeait du tout au tout et il n'appréciait pas vraiment. La jeune femme s'excusa, précisant qu'elle ne pourrait pas s'éloigner sans un poids sur la conscience si elle ne proposait pas les gardiens de la paix à sa façon. Elle les salua et s'en alla. "C'est rare, les gens qui ont encore de la sympathie à notre égard... " marmonna-t-il. Levant son verre en carton, il vint prendre une petite gorgée du mélange corsé.

Au bout du compte, c'était pas une si mauvaise idée de la part de la civile de les avoir servit. Ayden sentait son corps se réchauffer après coup et il se sentait bien mieux. Se prenant une nouvelle clope et proposant le feu au soldat, il soupira longuement. "Depuis quand vous êtes ici, Weavers ? Sur le barrage j'entend." demandait le brun en gardant son regard sur la rue bloquée par les rambardes des autorités. Derrières eux, des hommes faisaient les cents pas, mains sur leurs armes en attendant un quelque chose. De son côté, l'inspecteur priait qu'il ne se passe rien de la journée, ni de la semaine ou du mois, même. Franchement, ce serait mieux d'être en poste pour rien et de ne déplorer aucun accident. La maladie serait ensuite éradiquée et eux seraient enfin missionner ailleurs, chacun dans son lit de préférence, au chaud.

hell sweet hell

Le flic présent non loin de Kenneth lui sortit un briquet et le soldat alluma sa cigarette avant de le lui rendre avec un merci marmonné. Il s'attendait à ce que les choses en reste là, deux types qui avaient simplement partagé un briquet et se fumaient une sèche derrière le barrage anti-émeute. Bon ce n'était pas des émeutes qu'ils attendaient mais ça gardait quand même toute son efficacité. Peu importe ce que c'était en tout cas, le flic décida d'entamer la conversation. Kenneth s'en serait bien passé mais il gardait une certaine éducation et il se devait d'être poli avec quelqu'un qui pourrait partager sa compagnie pendant les prochaines heures. Voire les prochaines semaines, ils étaient presque des collègues désormais. Il étendit donc le bras pour serrer la main qu'on lui offrait, d'une poigne pas forcément douce. " Kenneth Weavers. Et de rien. Ils me tapaient sur les nerfs avec leurs bêtises. " Que voilà beaucoup de mots dans la bouche de Kenny, ce n'était pas habituel pour lui de dire autant de mots en une seule fois avec un inconnu.

Mais fort heureusement pour le soldat, le silence s'installa entre les deux hommes. Voilà quelque chose d'appréciable, il n'y avait pas beaucoup de personnes muettes dans l'entourage du soldat, tout le monde semblait avoir son mot à dire sur ce qui se passait en ce moment et tout le monde voulait partager son sentiment sur la question...Résultat, Kenneth n'était que rarement tranquille quand il se retrouvait en présence d'autres soldats ou de flics pendant une patrouille ou à un barrage. Mais qu'est-ce qui pouvait bien leur prendre à tous ces gens pour qu'ils se mettent à déblatérer sans arrêt hein...? L'iowien ne comprendrait jamais les gens bavards qui avaient besoin d'échanger avec les autres et discuter de tout et de rien pour se rassurer...L'absence de dialogue perdura jusqu'à ce qu'une jeune femme arrive, leur demandant si ils voulaient boire quelque chose. Etonnant, il avait pourquoi bien semblé à Kenneth qu'on avait conseillé aux habitants de rester chez eux, au cas où. Le flic accepta un café, Kenneth fit de même, après tout c'était gentil de sa part de proposer ça.

Forestier, puisque c'était le nom du flic, conseilla quand même à la jeune femme de rentrer chez elle. Il ne faudrait pas qu'il lui arrive un malheur, à cette bonne femme quand même. Mais il avait raison, elle était sympathique et ce n'était pas souvent. Et encore, Kennet était soldat, on avait encore un tout petit peu plus de respect pour l'armée que pour la police, ces derniers temps. C'était stupide et ça n'allait pas s'arranger avec cet état d'urgence qui paralysait Boston. Même si ils étaient peut-être les seuls capables d'assurer la sécurité des civils et citoyens de Boston justement. Sortant de ses pensées, il vit le briquet se tendre une nouvelle fois vers lui et l'accepta. Kenneth devrait peut-être moins fumer, mais il faut bien mourir de quelque chose de toute façon. " Sur le barrage ? Depuis ce matin seulement. A croire qu'on ne sait pas où me mettre, je change souvent d'affectation. Et vous ? Je ne pensais pas qu'on enverrait des inspecteurs se faire chier ici, que c'était plutôt pour les bleus. " Est-ce que Kenny était réellement intéressé par ces informations ? Peut-être. Au moins ça l'occuperait quelques temps. Il se sentit même d'humeur joviale et posa une nouvelle question. " Vous êtes de Boston je suppose ? "

☾ anesidora

Kenneth acceptait de s'en griller une nouvelle en compagnie d'Ayden et ce n'était pas pour lui déplaire. Le café le réchauffait et le français profitait amplement du calme avant la tempête. Il rêvait de son lit, de la douceur de son appartement. Il rêvait d'une douche brûlante et d'un semblant de paix, loin des conneries du gouvernement, loin de cette population qui partait en couilles, loin de tout. Lui, seul, chez lui. Un soupir lui échappa et il tourna légèrement le visage vers son interlocuteur en écoutant attentivement ses réponses mais aussi sa question, le faisant sourire en coin. " En réalité, je ne suis pas en poste ici. Je suis volontairement venu me perdre ici au barrage, j'avais besoin de prendre l'air. Et je bosse à Boston, ouais. Et vous ? Si j'en crois votre uniforme, je dirai SEALs. Rapatrié récemment ?" qu'il demandait en faisant attention à ne pas franchir la barrière du privé. Il ne s'étendait pas sur sa vie, aucune raison qu'il empiète sur celle des autres. Tranquillement, il vint écraser son second mégot, le jetant comme le premier et se contenta d'avaler quelques petites gorgées de son café.

Ni l'un, ni l'autre n'essayait de se faire un nouvel ami, ça se sentait. Ils discutaient pour passer le temps et en effet le temps passait. Ayden expliqua à son "collègue" que personne ne savait vraiment ce qu'il se passait mais confia ses découvertes à l'homme. "Apparemment, de ce qu'on sait... L'épidémie rend les gens malades et les tue. On ne sait pas à quel fréquence, vitesse ou quoi mais... " se stoppa-t-il en se frottant la barbe. Lorsqu'il l'avait découvert avec Reese, il s'était énervé et avait effleuré le renvoie quelque jours plutôt. Avec la brune, il avait décidé de mettre les collègues, familles et amis au courant pour qu'ils soient prêts à toute éventualité et pour le coup... Eh bien, toutes les personnes postées aux endroits de protections faisaient partis des collègues, non ? " La grippe en plus de tuer les gens les ramène à la vie. Je sais, c'est dingue mais c'est réel. En fait... Ces... Infectés sont morts mais se mouvent comme des vivants. Tout ce qu'ils veulent c'est assassiner et bouffer les autres. Et si on arrive à en attraper vivants... On les envoie au MIT. Sans doute pour les étudier." déclara le brun en fronçant les sourcils. "C'est de ça qu'on protège la population." qu'il finissait d'annoncer en s'humectant la lèvre inférieure.

Il ne s'attendait pas à ce qu'on le croit, ne s'attendait pas non plus à être écouté mais il fallait le dire, l'annoncer pour préparer les protecteurs du peuple. Si Kenneth était le premier à connaître officiellement l'info, Ayden tourna le regard vers lui pour observer son visage et essayer de savoir ce qu'il en penserait. Ce n'était pas évident de passer pour un fou mais finalement, ce n'était pas dérangeant. En fait, il aurait pu se sentir comme le messie qui annonçait le nouveau déluge mais cette vision lui ruinait plutôt le moral. Il voulait éviter cette marée montante justement alors il lui faudrait convaincre un maximum de personnes avant qu'il décide d'aller mourir de fatigue dans son lit, dans quelques heures ou quelques jours, selon le temps que ça prendrait de convaincre ses confrères. Dans sa poche, son téléphone vibra. Reese lui demandait où il était passé. Nouveau soupir et il répondit un simple "Besoin d'air. A toute." et rangea le petit appareil dans sa poche en revenant fixer les rues s'étalant face à eux. Brighton avait souffert et maintenant qu'il en connaissait les raisons, il grinçait bien plus des dents. Si le gouvernement avait donné les infos au moins à l'armée, sans doute qu'ils auraient pu éviter le massacre d'Halloween...

hell sweet hell

Kenny était lui-même étonné de trouver quelqu'un avec qui discuter, quelqu'un d'aussi peu bavard que lui et qui semblait partager également une certaine mauvaise humeur dès qu'il s'agissait de se retrouver en présence d'autres personnes. Le café, la cigarette et la compagnie avaient même rendu le soldat un peu plus jovial, lui intimant une certaine envie de discuter avec son congénère, pour une fois. Il était inspecteur et n'aurait surement pas du être mis en poste à un endroit aussi chiant qu'un barrage de la sorte. Mais ce n'était pas par obligation qu'il était là, ça fit presque sourire Kenneth. Il trouvait étrange qu'on vienne se fourrer ici volontairement mais soit, c'était le problème d'Ayden, pas le sien après tout si il venait volontairement s'emmerder dans le froid ce matin-là. " J'ai été rapatrié en septembre pour tomber dans cette merde noire à peine rentré...J'ai jamais eu de chance, mais là c'est le bouquet. " Il aurait bien marmonné des injures à l'encontre de sa douce ex-femme, mais ça ne concernait pas vraiment Ayden et pensait à elle allait le mettre de mauvaise humeur.

Néanmoins, la discussion sur eux sembla tourner court, ni l'un ni l'autre ne voulait réellement se confier ou partager des choses personnelles. Kenneth ne se confiait jamais à personne, déjà parce qu'il n'y avait personne pour l'écouter raconter sa vie, mais aussi parce qu'il n'en ressentait pas le besoin. Qui cela pourrait-il intéresser de toute manière hein...? Sa vie était loin d'être un conte de fée et les gens n'en avaient rien à faire de la vie des autres, en particulier quand elle était triste et difficile. Il en avait déjà beaucoup dit, sur ce qu'il faisait ici, même si pour la plupart des gens, avouer simplement qu'il était rentré il y a quelques mois n'était pas vraiment une révélation. Loin de là même. Parler de l'épidémie et des emmerdes qui touchaient le pays était bien plus rassurant, même si ça impliquait la mort d'innocents et qu'ils étaient tous bloqués dans Boston...

" La grippe ramène les gens à la vie...? " La révélation qu'on lui avait faite était pour le moins étrange et spectaculaire. Il s'était arrêté dans son geste pour jeter son mégot et demeurait comme figé, à regarder le flic en face de lui. Il avait vu des choses étranges, entendu parler de croyances curieuses, c'était le lot de la guerre, il y avait toujours une part inexpliquable dans ce que certains vivaient là-bas. Mais là, ça dépassait carrément le niveau des trucs dingues dont il avait entendus parler par le passé. Une grippe qui ramenait des morts à la vie et les poussait à attaquer les vivants...? Le pire là-dedans, c'était que Kenneth le croyait. Il ne doutait pas de la véracité des faits, à cause de tout ce qui se passait, à cause des mesures du gouvernement, à cause du fait qu'il trimbalait une scientifique en ville régulièrement pour qu'elle travaille sur l'infection justement...

" Bordel ça a l'air dingue, mais genre complètement nawak. Une maladie qui tue et ramène les gens à la vie, comment ça pourrait être possible hein...? Encore un coup des tarés de scientifiques, vous croyez pas ? Enfin j'y crois et ça, c'est peut-être encore plus dingue que le fait que tout ça... "

☾ anesidora

Parler à Kenneth faisait du bien à Ayden même si ce n'était pas non plus les choses grandioses qu'on disait à un ami autour d'un café. Il restait néanmoins un point de sociabilisation agréable. Les soucis de chacun ne concernait que les propriétaires et ils se contentaient de communiquer tranquillement. Néanmoins, passé la pluie et le beau temps, il fallait bien repartir sur le sujet de l'épidémie et les propos du soldat fit sourire l'inspecteur en coin. Son idée n'était pas totalement fausse. Ce n'était pas nouveau pour l'Humanité que les scientifiques se prenaient pour Dieu mais ressemblaient plus à Frankenstein et sa manie de créer des choses inavouables et parfois dégoûtantes. "Sans doute qu'à la base c'est encore une saloperie d'arme biologique..." fit le français en revenant se prendre une clope et la placer entre ses lippes. Lentement, il glissa la main dans son manteau et observa encore une fois la rue, comme s'il sentait que bientôt, le calme cesserait d'être une évidence. Bien sûr, ça pouvait aussi juste être de la paranoïa puisque des heures auparavant, il avait manqué de se faire mordre et de se faire enfermer avec les autres. Lentement, il ramena son briquet à ses lèvres et alluma son bâton de tabac, inspirant une première bouffée puis la laissant échapper avec un soupir. "Sans doute que ça leur a échappé des mains." fit-il en fronçant les sourcils tout en tirant sur sa cigarette.

Les heures défilèrent et les deux hommes restaient en poste. Ayden avait même proposé de prendre le repas, ce qu'il fit même contre l'avis de son vis à vis. Sandwich à la main, le français grignotait sagement en souriant à une pseudo blague de son camarade. "Elle était pas mal ! A moi !" dit-il avec un engouement tout de même retenu, afin de ne pas donner le mauvais exemple aux bleus qui, depuis qu'ils s'étaient fait engueulés, étaient discret. "Alors c'est un homme, disons... Jack. Alors Jack est totalement ivre un soir et il rentre chez lui difficilement." Les yeux azurés vinrent fixés le visage du militaire pour voir s'il captait l'autre puis reprit. "Il titube énormément mais parvient tout de même à entrer dans sa baraque. Il passe par la cuisine en se disant qu'av...". Un cri strident se fit entendre, forçant le policier à relever la tête pour chercher l'origine de la détresse, se redressant arme à la hanche pour éventuellement se défendre. Un coup d’œil à Kenneth pour lui faire comprendre ce qu'il pensait. Les ennuis commençaient.

Le début d'après-midi venait de débuter mais les hommes se placèrent en joue. Ayden se tourna vers les bleus et donnait ses ordres en leur intimant de rester en arrière et de les couvrir, le SEAL et lui. Lentement, Ayden s'avança vers la source, jetant des coups d’œil, pointant son arme, couvrant son coéquipier et faisant des R.A.S. Pourtant à mesure qu'il s'approchait, les cris se faisaient entendre tout en perdant en force. Proche de l'endroit, ils purent voir un spectacle atroce. Trois personnes entourant un corps, l'étripant et déchirant sa chaire à même l'enveloppe charnelle. Les bruits de mastications levèrent l'estomac de l'enquêteur, lui rappelant de mauvais souvenirs. Derrière eux, les deux jeunes marmonnaient des choses et d'autres tandis que finalement, l'un d'entre eux déversa son repas au sol. Dégueu mais compréhensible... "C'est de ça que je te parlais..." murmura entre ses dents le trentenaire alors qu'une des têtes se tournait vers eux, gargouillant et râlant presque joyeusement... Une partie de la joue de la femme qui se levait pour les retrouver manquait, rendant son visage encore plus macabre que ce qu'il aurait pu être à l'accoutumé. Un frisson de crainte parcouru l'échine du policier alors que les deux autre criminels décidèrent de se joindre à la partie.

"Abattez les !" ordonna le brun, en tendant son arme devant lui pour tuer les créatures de l'effroi. La maladie... Elle n'enlevait que la capacité mentale des humains mais pas leur aspect et pour le coup, appuyer sur la détente restaient une épreuve difficile. Et pourtant, un premier coup quitta son canon, suivit d'un second et d'autres qui n'étaient pas les siens. Malgré la rafale, les choses ne s'écroulaient pas, pire ! Leur rage décuplait. Bon sang, comment avait-il fait, déjà, pour en achevé un ?

hell sweet hell

Ce n’était pas souvent que Kenneth se sentait bien avec quelqu’un et qu’il avait envie de parler avec ce quelqu’un. Peut-être était-ce le fait de se retrouver sur un barrage avec rien d’autre à faire que parler qui lui faisait ça, ou alors le fait qu’il n’avait pas parlé à grand monde depuis un petit moment. Enfin, en dehors de ses supérieurs et collègues avec qui il ne faisait qu’échanger quelques mots rapides et rien de constructif…Il était d’ailleurs étonnant de le voir parler aussi librement à quelqu’un, de tout, de rien, de choses utiles, de choses inutiles, de l’épidémie, de leur poste…Chose encore plus surprenante, ils en étaient même arrivés à faire des blagues. Kenneth Weavers, le soldat stoïque et taciturne, faisait des blagues avec un autre membre des forces de l’ordre avec qui il était en poste pour la journée. Ses connaissances n’en auraient pas cru leurs yeux si ils avaient vu ça, c’était certain. Le soldat souriait même légèrement du coin des lèvres, amusé par la situation autant que par les blagues minables qu’ils pouvaient sortir tous les deux pour passer le temps. Il ne se passait rien du tout, c’était proche de l’ennui mortel, heureusement qu’ils pouvaient causer un peu, sinon la journée aurait été prodigieusement insupportable et interminable !

Un cri coupa la parole au flic, un cri strident et qui provenait d’une ruelle non loin du barrage. Les instincts et les années de réflexe prirent le dessus sur toute pensée logique et tous les sens du soldat se mirent en alerte pour chercher d’où venait le cri et qui l’avait émis. Avec Ayden, ils passèrent le barrage pour avancer lentement vers la source du bruit. Kenneth pointait son fusil de service devant lui, jetant des coups d’œil sur tous les endroits potentiellement dangereux qui se présentaient à eux, veillant à garder le flic dans son champ de vision immédiat. Les cris retentissaient toujours à leurs oreilles, de plus en plus proches mais également de moins en moins forts. La personne qui les produisait semblait perdre en vitalité, ou en volonté de hurler. Le cerveau du soldat n’imaginait pas ce qu’ils pourraient trouver, il se préparait simplement à réagir face à ce qu’il aurait devant lui, réagir au mieux et avec un temps de réaction minimal. Le spectacle qui se passait dans la rue était atroce, c’était le moins qu’on puisse dire. Ces trois personnes en train d’en attaquer et d’en déchirer une autre pour…la dévorer…C’était tout simplement incroyable et immonde, de quoi soulever le cœur de n’importe qui. Même celui de Kenneth. Il avait vu des tas de choses horribles, mais quelqu’un se faire dévorer vivant par d’autres humains, c’était vraiment une chose à laquelle il ne s’était jamais attendu et qui le dégoutait. Un des bleus rendit son déjeuner, de quoi ajouter une petite touche répugnante de plus à la scène.

Malgré ce qu’ils étaient en train de faire, ils restaient des hommes, des êtres humains qui avaient une famille, une vie. La plupart des gens ne pouvaient pas tirer comme ça sur quelqu’un, même si ces personnes étaient des dangers. Même pour des flics, ce n’était jamais facile de faire feu sur quelqu’un, il y avait l’idée que ça allait être définitif tout ça. On ne tuait pas seulement une personne, quand on lui tirait dessus avec l’intention de l’abattre, on détruisait aussi tout ce qu’elle aurait pu devenir, ce que ses proches auraient pu devenir aussi. Mais cette pensée-là, cette pensée typiquement humaine, n’effleura pas un seul instant la conscience du SEAL, parce que ce n’était pas utile, loin de là même. Il enfonça la détente de son arme, lâchant une volée de balle qui atteignirent les humains sans les arrêter ni les tuer. Ces choses, parce que Kenny ne pouvait pas les appeler personnes, ne semblaient même pas sentir les balles, elles se contentaient d’avancer vers eux, avides de goûter à leur chair fraiche au lieu de se repaitre de cette femme, maintenant morte et gisant sur le bitume.

Il continua de tirer malgré tout, criblant de balles les corps des choses. Les points les plus sensibles étaient touchés, le cœur, le foie, les jambes…Mais rien ne les arrêtait. Dans un dernier recours, le soldat pointa le canon de son arme vers l’une des têtes, celle de la charmante jeune femme au visage à moitié mangé. Pressant de nouveau la gâchette, il atteignit sa cible de plusieurs balles et le corps s’écroula enfin, sans vie. Le bruit sec du chargeur vide se fit entendre, la panique à cause de ce danger proche avait fait oublier à Kenny de compter. Il délogea le chargeur vide rapidement pour en engager un nouveau et recommencer à tirer. « Bordel de merde, » lâcha le soldat pour lui-même avant de continuer en parlant plus fort. « La tête, ça a l’air de les arrêter ! » L’ordre était lancé en hurlant presque, à cause de la proximité de ces êtres cannibales, de leur apparence répugnante et de la situation qui pousserait à la panique n’importe qui de sain d’esprit…

☾ anesidora

Ok, c'était la merde. Ils y étaient jusqu'au cou et clairement, l'univers semblait pas prêt de les lâcher, surtout quand les monstruosités s'approchèrent dangereusement et que les bleus décidèrent de se tirer. "Sérieusement ?!" grogna Ayden qui les avait vu détaler comme les lâches. "J'espère que t'as retenu leur nom." fit-il à Kenneth en serrant les dents de rage. Ils passeraient un sale quart d'heures ces petits cons. Il avait conscience que les deux novices étaient effrayés et lui-même l'avait été la première fois qu'il avait été confronté aux infectés mais ils avaient un avantage sur les choses. Ils étaient armés, pouvaient les empêcher d'avancer et de s'en prendre à la population. C'était leur rôle, merde ! Servir et protéger ! Ils avaient juré et ils désertaient ! Putain c'était incroyable ! Si tout le monde agissait comme eux, la sécurité se ferait enculer totalement. Enfin, ce n'était pas le moment de penser à ça. Le sens du devoir primait sur les émotions et c'est avec cette idée en tête qu'il prit le temps de tirer dans le corps d'un infecté afin de le ralentir et de viser son crâne comme en avait fait mention son partenaire un peu plus tôt. Un sur trois, c'était mieux que rien. De toute façon, il aurait pas pu faire mieux puisque son chargeur vide lui rappelait qu'il n'était techniquement pas en service et qu'il avait choisit le minimum. "On doit reculer, j'peux pas te couvrir !" fit-il prestement en reculant tout en gardant les yeux sur le militaire.

En se retournant, le français cru voir du coin de l'oeil que son camarade venait de faire une victime mais il ne put l'affirmer alors que ses pas le ramenait en arrière, directement vers le barrage mis en place. Cependant, sans vraiment savoir comment il s'y était prit, il trébucha, tête la première. Mettre les mains en avant, toujours. C'est ce qu'on lui avait dit durant ses cours de taekwondo et c'est ce qu'il fit, bien que ça n'empêche pas son menton de frotter contre le bitume, lui arrachant au passage une insulte en français de contrariété. Heureusement que les trucs étaient pas rapide parce qu'il aurait été victime de cannibalisme, lui aussi. Rapidement, il se releva et reprit la course pour se mettre à l'abris. Forcément, les tirs avaient rameuté la populace et les quelques hommes de gardes qui se rassemblaient dans l'espoir d'avoir une réponse. Le trentenaire posa sa manche contre sa blessure superficielle pour la tamponner et se débarrasser du liquide rougeâtre qui marquait son visage. C'était clairement pas hygiénique mais au moins, c'était plus dérangeant. Les murmures se faisaient de plus en plus entendre et l'inspecteur gronda, laissant échapper un "Vous regardez quoi ?!" d'une voix forte, faisant sursauter quelques civils qui voulaient se rapprocher pour comprendre ce qu'il se passait. "Faites les reculer ! Vous foutez quoi ?! Réveillez-vous, Bon Dieu !" ordonnait le français en faisant de grands gestes pour faire comprendre l'urgence de la situation.

Un jeune homme s'approcha du duo pour essayer de grapiller des informations et Ayden se contenta de lui taxer un chargeur en fronçant les sourcils de déplaisir. Ce qu'il détestait ça, la mise en danger d'autrui. Et là tout était de la faute de ce Sénateur à la con ! Il pouvait au moins faire la part des choses, non ? Faire en sorte que la population soit en sûreté pendant que les forces de l'ordre nettoyait les rues. Mais noooooooooon ! Bien sûr que nooooon. Suffisait d'une quarantaine à la con, bien sûûûûr ! Comme si ça suffisait ! Fallait être drôlement con pour croire que ça suffisait ! "Tentez de joindre le MIT. Dites leur qu'on a une poignée de spécimen a ramasser." qu'il balançait au jeune qu'il avait dépouillé pour ensuite l'envoyer paître en s'approchant de Kenneth. "C'est officiel, je déteste tous les scientifiques. Plus encore ceux qui ont crée... Ça." déclarait le flic en fixant l'horreur qui approchait à pas lents. Ouais, clairement, maintenant il détesterait tous les scientifiques, du moins, jusqu'à ce que ces derniers trouvent un remède à cette foutue maladie. Si seulement on pouvait croire que ça existait, tiens. A nouveau, Ayden s'essuya le menton en grommelant dans sa barbe. Il serait bien allé voir Armstrong en lui ramenant l'infecté comme cadeau pour lui dire que c'était à cause de lui qu'il y avait une nouvelle victime, qu'il devrait en assumer les conséquences et que peut-être que se faire mordre et se transformer en coquille vide lui ferait du bien. Quoique, il était déjà une coquille vide, donc ça ne le changerait pas beaucoup.

La dernière bestiole approchait et Ayden fronçait les sourcils un peu plus, à tel point que bientôt, on pourrait croire qu'ils arriveraient à sa gorge. Il mit en joue la chose et tira mais ça ne fit pas mouche. "Merde..." qu'il laissait échapper dans un murmure alors que sa main tremblait légèrement contre la crosse de l'arme. Il n'arrivait pas à se couper du sidérant spectacle. Macabre spectacle... "Voilà ce que ça fait d'attraper la Grippe Rouge..." marmonnait-il à l'intention de son camarade. La Grippe Rouge... Un des nombreux noms qu'on lui attribuait d'après Sanders. Bien sûr, le français n'avait pas comprit la majorité des dires de son collègue qui lui avait expliqué le comment du pourquoi, tout du moins, ce qu'il savait concernant le virus mais l'essentiel y était. Transmissible, dévastateur et réanimateur. Corps sans esprit et cannibale. "Faut vraiment être taré pour concevoir ce genre de choses... Et c'est partout dans le pays..." qu'il rajoutait en se tournant vers ceux qui attendaient des réponses. Bordel de merde...

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