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 Mythes & Legendes

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Valeija D. Kristanöff
Valeija D. Kristanöff
Métier : Chasseuse de Prime
Informations : À propos de Valeija : Les quatre choses à savoir sur elle

1 : Elle ne compte pas en dollars mais en balles.
2 : Avare en parole, vous avez peut-être une chance de la faire causer en bavardant mécanique.
3 : Son surnom en Suède : "La Chienne de Guerre... Krigstik"
4 : Enfant, elle aimait les feux d'artifice. Mais elle a grandi... Les feux d'artifice ont donc grandi avec elle.
Véhicule : Buggy à Motricité Renforcée
Inventaire : Piolet de grimpeur, SV-98, 1x Kit de Premiers Soins, 1x Kit de Soin Spécial Rhume, 1x Demi-masque filtrant anti-particules (FFP3), grenades x4
Mer 13 Juin - 21:36

ʢ - Qui dois-je annoncer ?

F. - Freighthamer. Avait annoncé l'homme à la voix fatiguée.

Mais à peine mon assistante s'était-elle levée pour me prévenir de son arrivée, qu'un vieux bougre que je reconnaissais bien passait la porte de mon bureau sans plus de politesse.

F. - Kristanöff...! me lança-t-il en braquant sur moi son regard mécontent.

Ω - M. Freighthamer. Que me vaut le plaisir ?

F. - Gardez vos sarcasmes pour vous, Kristanöff. Nous savons tous les deux que ce n'est un plaisir ni pour vous ni pour moi de me trouver ici. Dans votre... repère de fortune ! Voilà deux ans que je vous ai mise sur la piste du Dhole, et me voilà aujourd'hui obligé de parcourir tout l'état pour venir vous chercher, ici-même, dans la baie de Lynn, à siroter votre Whisky pendant que l'heure tourne. Alors je ne vous poserai la question qu'une fois seulement : Qu'en est-il du Dhole ?

Le vieil homme avait un ton très calme malgré le manque de couleurs dans sa voix. Il se tenait impassiblement devant moi, exigeant des réponses. Des réponses... que je n'étais pas prête à lui donner. Plus aujourd'hui. Plus après ce que j'avais vu.

Ω - Vous vous êtes mis en quête d'une légende, vieil homme. Je...

F. - Rappelez-moi Kristanöff, quelle est donc cette personne qui signe vos chèques depuis deux ans ? Me coupa-t-il, le regard dur.

Ω - Ça importe peu, désormais. J'ai suivi vos indications jusqu'en Allemagne de l'Est. Contrairement à ce que vous m'aviez affirmé, personne ne semble avoir jamais entendu parler de votre... chimère. Insistais-je sur le mot.

F. - Oh non, Kristanöff... Ils ne risquent pas d'en parler...

Mon boss posa son manteau gris et mouillé sur le dossier de la chaise face à mon bureau, et ne prit pas la peine de s'asseoir. Au lieu de ça, je le regardais laisser courir ses vieux doigts et ses yeux sur les objets qui trônaient ici et là sur mon étagère, remplie de livre du sol au plafond. Il les parcourait comme dans l'attente d'une réponse de ma part. Mais je n'avais rien à ajouter à ce vieux type.

F. - Parlez-moi un peu de l'avancement de votre mission, Kristanöff. Comment s'est-elle déroulée jusqu'en Allemagne ?

Ω - Pourquoi ça vous intéresse ?

Je senti ses doigts se crisper soudainement sur l'une des étagères de bois et la comprimer furieusement, comme pour tenter de contenir son impatience face au défi de mon amusement. Il avait cessé son petit manège et commençait à montrer son vrai visage derrière son regard plein d'assurance.

F. - Je vais vous raconter une histoire, reprit-il de sa voix éraillée, une fois calmé. Il se tourna enfin vers moi et prit place dans le siège qui lui était destiné, celui des employeurs. C'était en 1947. Vous n'étiez pas née à cette époque et moi, j'écoulais les premières années de ma vie dans le village de SomberWülf, en Allemagne de l'Est. La guerre avait pris fin et nous tentions de reconstruire ce qu'il restait de notre vieux village, le plus ancien d'Allemagne, si on en croit les registres. Nous étions au pied d'une montagne qui dominait notre petite vallée, là où je vous ai envoyée chercher le Dhole. Là où vous êtes allée, je m'en suis assuré. Les membres de notre village se transmettaient alors encore les légendes de nos contrées de pères en fils, et, comme son père avant lui, mon père avait fini par me raconter l'histoire que je vais vous raconter à mon tour.

Il croisa ses doigts en plantant lentement ses coudes sur mon bureau et fixa mon regard avec une drôle d'intensité, puis reprit : Chaque année, d'aussi loin que nous pouvions nous le rappeler, des hommes de notre village disparaissaient sans laisser la moindre trace. Nous avions prit coutume de vivre dans le respect et la peur des forces à l'œuvre dans nos régions, une réputation qui a fini par nous maintenir prisonniers de ces montagnes, à l'écart de toute civilisation. Mais nous étions accoutumés à ce que quelques uns des nôtres soient... pris par la montagne. Cela a duré toute mon enfance jusqu'à cette nuit hivernale de Novembre 1947. Ce soir là, quatre hommes dans la force de l'âge ont disparu. Quatre hommes. Au cours de la même soirée. Malgré la peur qui nous tiraillait les entrailles de voir s'abattre sur nous une nouvelle malédiction, nous étions prêts à renoncer à y voir le signe évident que les choses commençaient à changer, à dégénérer. Mais le lendemain un homme de plus disparaissait. Lui aussi, sans laisser de trace. Le milieu de la nuit semblait Lui appartenir. Et ma famille était la seule à soutenir la théorie de l'existence du Dhole. Pour tous les autres, je gage qu'ils auraient préféré croire en la présence des esprits de la montagne ou en n'importe quelle autre fable plutôt que de regarder cette réalité en face. Vous connaissez le Dhole, Kristanöff, n'est-ce pas ?

Je continuai de fixer le vieil homme en plissant les yeux à mesure que je tirais sur mon cigare, mais ne répondis pas.

F. - Je sais que votre voyage en Allemagne de l'Est a été bien plus instructif que ce que vous ne vous autorisez à dire. - Il marqua une pause, et je sentais ses yeux me sonder. Ils cherchaient en moi le moindre tressaillement, le moindre signe qui pouvait lui laisser croire que j'allais dans son sens, malgré le mutisme dans lequel je m'étais logée depuis quelques minutes maintenant. Puis reprit à nouveau - Les hommes de notre village, surtout les plus vaillant, furent presque tous décimés en quelques mois. Nuit après nuit, la chose dont avaient si peur les villageois et nous-mêmes, venait dans l'ombre et emportait avec elle les membres les plus forts de chaque famille. Peu importait de verrouiller nos portes, d'installer des feux, de faire des patrouilles, les uns après les autres, la chose venait les chercher. Dites-moi, Kristanöff, vous qui êtes si familière de nos légendes... Dites-moi quelle sorte d'animal s'en prendrai aux plus forts en laissant la vie aux plus faibles ?

Ω - ...

F. - Allons, où est passée cette belle arrogance qui vous fait tellement défaut, Kristanöff ? Vous n'avez pas avalé votre langue tout de même ? ... Ne me dites pas que vous doutez encore de son existence, Miss Kristanöff. Aucun ! Aucun animal dans ce monde n'adopterai naturellement ce mode de chasse. Alors il n'y a aucun doute sur le fait que le Dhole soit en cause. Il se redressa dans son dossier et crois ses doigts devant sa bouche tout en continuant de me fixer, le regard plein de suspicion.

Un sentiment empreint d'une vieille angoisse s'était emparé de la pièce. Le silence y régnait maintenant sans partage, et même moi qui ne me laissais pas facilement décourager, je commençais à sentir un poids, de plus en plus dur à soutenir, me courber l'échine pour que je m'incline devant l'homme assis face à moi. Il jouait à un jeu avec moi. À qui faiblirait le premier. Et je dus admettre que malgré son âge avancé, sa détermination, à cet instant, menaçait réellement de me faire abdiquer. Mais je tint bon et restai silencieuse.

F. - Voilà six mois que vous êtes revenue, m'a-t-on dit.

Ω - Cinq, mentis-je.

F. - Vous m'en direz tant. Et qu'en est-il alors du Wang Shan Dhole ? Vous ne l'avez pas retrouvé ?

Pour la première fois de ma vie, je me sentais oppressée. Dans mon propre chez-moi qui plus est. Une chape de plomb avait noyé l'atmosphère dans une ambiance insoutenable. Le regard de braise de cet homme en disait long sur ses intentions. Peu importait la furie qui s'était emparée de lui, il ne lâcherai pas le morceau. La seule question alors n'était plus de savoir s'il capitulerait ou non, mais combien de temps encore j'allais réussir à tenir murée dans mon silence.

F. - Je me rappelle de cette nuit de Février 1948. Une nuit plus noire que le charbon. Pas la moindre étoile malgré un ciel dégagé. Même la Lune s'était retirée pour nous laisser livrés aux Ténèbres. Oh oui ! Je n'oublierai jamais cette nuit-là. Je n'avais que dix ans à cette époque, mais je me rappelle bien voir mon père se faire emporter sous mes yeux à travers un mur de bois qui volait en éclat partout dans la maison. Et je me rappelle de ces yeux ! Des yeux rougeoyant de colère et de ruse. - Silence - Nous étions restés enfermés tous ensemble, mes trois sœurs, ma mère, mon grand-père, mon père et moi, trois jours durant. On entendait parfois le bruit de griffes contre les tuiles de notre maison. Mon père et mon grand-père armés de fourches, prêt à en découdre avec l'animal, malgré tout le respect qu'il leur imposait. Je me rappelle ne pas avoir fermé l'œil durant ces trois longs jours. Nous étions seuls, sans même savoir si la vie continuait au dehors. Mais nous étions sûr d'une chose, rien n'arrêterai la détermination de la chose qui était venue pour nous. Il n'y avait pas d'esprit de la montagne, comme nous le clamions pourtant haut et fort. Mais vous avez pu constater par vous-même à quel point les habitants sont attachés à garder au secret cette vieille "légende" qui a pourtant ensevelit notre village en seulement trois mois, n'est-ce pas ?

J'écoutais toujours le vieil homme, une étincelle dans le regard. Il n'avait pas bougé d'un centimètre de sa chaise depuis qu'il s'y était posé. Comme un mort, qui me fixerait.

F. - À l'instar du Fenrir, Kristanöff, dont la légende remonte aux plus anciens textes germaniques et celtes, le Dhole existe bel et bien, et vous l'avez trouvé, n'est-ce pas ?

Ses questions égrainaient ma ténacité, et lui ne sourcillait pas. Je me sentais envahie par l'énergie qui émanait de ce vieil homme et de ses contes... J'allais lâcher. Je ne tiendrai plus. Sa détermination à connaitre la vérité avait rongé mon silence comme l'acide attaquant le métal, même le plus résistant.

Ω - Je suis toujours sur ses traces, ici, à Lynn, avouais-je enfin, de la colère dans la voix.

F. - Allons, je ne suis pas disposé à croire de telles sornettes, vous le savez bien, Kristanöff.

Ω - Alors, vous n'êtes pas dans la merde. Si vous n'êtes pas disposé à croire la plus basique des vérités que j'ai à vous offrir, je n'imagine même pas à quel point vous allez en chier pour admettre la suite, bien plus compliquée, Freighthamer, lui répliquais-je, enfin sûre de moi. Je lui avait tendu un piège, et il était tombé dedans. Pieu mensonge, belle imitation d'une personne qui finit par lâcher le morceau ! Me félicitais-je intérieurement.

F. - Non... Non... Je crois que nous nous sommes mal compris, Kristanöff. Je ne doute pas que le Dhole existe ni même que vous l'avez traqué aussi loin que vous avez pu. Je connais votre réputation, que j'apprécie d'ailleurs pour ce qu'elle est vraie. Vous avez une ténacité vraiment digne de vous voir confier ce genre d'affaires. C'est ce qui m'a amené à vous, Kristanöff. Ce qui m'a amené à vous demander d'aller retrouver cet animal pour moi. Et c'est également ce pourquoi, je ne doute pas que vous lui avez couru après tout du long. ... Pas plus que je ne doute que vous l'avez finalement trouvé... Kristanöff ! Il avait lourdement insisté sur mon nom et ça ne me plaisait vraiment pas.

Mon sourire satisfait s'effaça soudain et retomba en une moue amère et désappointée. Je savais où le vieux voulait en venir. Et il venait de trouver sur mon visage le signe d'approbation qu'il cherchait depuis le départ. Il comprit immédiatement qu'il venait de mettre dans le mille. Je le savais et il savait que je savais qu'il avait vu juste... avant même qu'il ne parle. Il repassa alors son manteau sur ses épaules.

F. - C'est vous. C'est vous le Dhole, à présent, Kristanöff, me sourit-il dans un air satisfait, avant de rire plus franchement.

Une main serrant douloureusement la crosse de mon Louis Carrier, un vieux pistolet à silex qui crache du 15,5 mm que j'avais fixé sous le plateau de mon bureau, je sentais une furieuse envie d'abattre l'homme face à moi me dévorer le cœur.

F. - Vous avez traqué le Wang Shan Dhole... Et vous êtes finalement devenue le Dhole lui-même... C'est vous !

Il se leva brusquement, dégainant son arme de poing de sous son manteau. Mais il n'eut pas le temps de se faire justice que la détonation de mon arme éclata dans le bureau. La bille d'argent autrefois logée dans la chambre de mon arme et qui avait patiemment attendu son heure, avait jailli de mon canon et pulvérisé le plateau de chêne de mon bureau de part en part, pour aller se loger en plein cœur de l'homme, autrefois tranquillement assis face à moi, et finalement finir sa course funèbre en venant s'écraser dans le mur derrière lui, après avoir ruiné la belle vitrine qui ornait la pièce.

Une part de moi avait deviné que ce jour viendrait. Une part de moi savait que je n'y échapperais pas, même en tentant de disparaitre jusque dans ce trou perdu du Massachusetts. Maintenant, l'homme qui m'avait employée était là, gisant inanimé sur la moquette de mon bureau ensanglantée. Et il ne serait pas reçu au Walhalla par défaut d'avoir pu se faire justice dans ce monde. Je retournais alors le cadavre encore chaud et lui posais deux pièces, une sur chaque œil.

Ω - Accordes à ton enfant d'entrer dans ton royaume et pardonne-lui ses péchés, psalmodiais-je, plus pour moi-même que pour lui.

Je parcourus ensuite le reste de la pièce en contournant le corps de Freighthamer et me dirigeais vers la porte. Un pied dehors, je glissais un œil à Düsten, mon assistante, qui attendait apparemment de me voir réapparaitre avec une grande inquiétude.

ʢ - C'est l'heure ?, s'enquit-elle sans hésiter.

Ω - Oui. Fais le ménage, on repart. Tout doit disparaitre, insistais-je d'une voix grave.

Elle s'était contentée de me sourire, apparemment ravie de me savoir encore en vie, puis avait commencé à rassembler ses affaires. Quant à moi... j'avais besoin d'air. Nous préparâmes ensuite notre départ et revenions le soir même allumer l'incendie qui ne s’arrêterait qu'une fois que tout aurait complètement brûlé. On avait pu s'assurer la récupération d'une caisse de thermite lors d'un ancien contrat, et j'avais suffisamment été payé par Freighthamer pour pouvoir me permettre de sacrifier mon mobilier du XVIIIe dans l'incendie qui couvrirait nos traces et ferait définitivement disparaitre le corps et les preuves de notre forfait.

Pour ce qu'il reste des meubles... songeais-je une cigarette à la bouche. Pauvre vieux fou...
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