Police station of chicken wings — Shawn

La jeune femme s’approche de moi, me demandant de lui montrer ma main. Je l’ouvre, exposant les plaies vers le plafond, sans regarder ce qu’elle fait. Je sens ses mains en toucher le dos le temps qu’elle l’examine. Lorsqu’elle saisit le morceau de verre enfoncé, je grimace quelque peu et ne peux m’empêcher de regard. Elle le retire délicatement, presque sans douleur. Elle passe ma main sous l’eau. Je tente de calmer mes nerfs silencieusement. Elle est silencieuse aussi. Sauf qu’à un moment donné, elle a décidé de parler. J’ouvre mes oreilles, l’écoute attentivement. Elle parle de moi comme étant son seul espoir au passé. Mince. J’ai voulu lui offrir cette espoir toute sa vie en ne lui imposant pas mon désespoir. Je brise tout aujourd’hui. Je peux voir que son regard de petite fille a disparu. Je ne suis qu’une merde à ses yeux. Elle lâche ma main et me dit qu’elle va partir. De ma main non blessée j’attrape son poignet et la tire vers moi pour l’entourer de mes bras, prenant soin de reculer ma main entaillée. Je ne veux pas la salir de mon sang, juste la garder dans mes bras.

« T’as pas compris? T’es là… Tu restes… J’aurai dû faire ça dés le début… Bordel, Wendy… Tu n’es pas ma p’tite mais… J’veux ton bien. J’sais juste pas comment m’y prendre. » Oui les larmes sont sur le point de couler sur mes joues. Oui je vais craquer. Mais je n’ai pas le droit. Oui je suis censé m’excuser. Mais je ne sais pas comment faire. Oui j’ai brisé le peu d’espoir qu’il lui restait, mais je ne sais pas lui montrer à quel point ce désespoir a quelque chose de magique : quand on est au plus bas, quoique l’on fasse, on ne peut que remonter.

« T’as ta place, chez moi. C’est de ma faute tout ça. Reste… Même ton… Ton chien. Il peut rester. » Oui ma voix est brisée et tremblante. Oui je peine de plus en plus à retenir ces larmes. Oui je vais craquer encore plus puissamment si je ne fais rien.

Je la relâche et la contourne si rapidement pour rejoindre le couloir. Les hommes se cachent pour pleurer. Ce n’est pas un mythe. Mais je n’ai pas le temps d’atteindre ma chambre que je vacille, me retrouve dos au mur, me laisse tomber au sol, larguant toutes les larmes que mes glandes lacrymales produisent, hoquetant une souffrance silencieuse qui s’est distillée dans mes veines depuis tant d’années. Si on me demande, j’ai une poussière dans l’œil, trop de pression au travail, un manque de sommeil, ou je n’en sais rien… Un mélange de tout ça. La véritable raison ? C’est une dépression éternelle qui me consume petit à petit. Mais je ne veux pas l’entendre. Je préfère me mentir à moi-même. Je suis le principal concerné après tout…